J-15 : Shanghai, la superbe

Depuis que nous avons franchi le Sud de la Chine, nous avons quitté le froid, la pluie et les nouilles. Et ça n’est pas pour nous déplaire (je reste une chinoise du sud, et il me tardait de pouvoir enfin manger du riz normalement et des raviolis à pâte fine !). Après plusieurs jours dans la campagne de Chine, nous voilà de retour en ville. Et pas n’importe laquelle : Shanghai, centre névralgique de l’économie chinoise, surnommée la Perle de l’Orient et qui représentait dans les années 90 la modernité et l’ambition de la Chine. Quand on pense à Shanghai, on pense à ses tours gigantesques. Mais on sait moins que Shanghai n’est une ville qu’avec 600 ans d’histoire, de 200.000 habitants (oui, nous aussi, on a du mal avec les échelles en Chine), qui est devenue la ville chinoise la plus peuplée dépassant Beijing avec plus de 200 millions d’habitants…

C’est avec les guerres de l’opium et la présence étrangère que Shanghai va véritablement se développer pour devenir le centre économique chinois. Située proche de la mer, Shanghai a toujours été un lieu d’échange commercial, mais le traité de Nankin permettent aux anglais de faire du commerce : Shanghai s’ouvre ainsi au monde, sous présence étrangère.

Si l’histoire de Shanghai n’est pas aussi ancienne que Beijing, qui est non seulement la capitale administrative mais aussi culturelle et historique de la Chine, elle abrite l’histoire politique de la Chine nouvelle et bien métissée avec ses multiples concessions.

Nous visitons la concession française avec notre guide, Daniel. Il a choisi ce prénom en regardant Taxi. En fait, il nous explique que grâce à la concession française, il a pu profiter de séances gratuites de cinéma sur les films français. Il semblerait que les chinois, mais plus particulièrement les Shanghaiens, adorent la France et nous considèrent comme le « véritable ami blanc » parce qu’elle aurait permis à la Chine de tenir sur le territoire de sa concession le premier congrès du parti communiste chinois, et donc les prémices de la Chine libre. Petite anecdote, les Français ont amenés le platane en Chine. Quand des Shanghaiens leur ont demandé de quel arbre s’agissait-il, ils ont répondu « français » ne comprenant pas la question de leur interlocuteur. Depuis, « platane » se dit « fan sé » en shanghaien…

Nous nous arrêtons devant le « 76, Xingye Lu », monument qu’on ne visitera pas mais qui est important dans l’histoire de la Chine moderne puisque c’est là qu’a eu lieu le premier congrès du parti communiste chinois ! Il paraît que chaque enfant a comme devoir d’école de venir visiter le lieu et de repartir avec une photo comme preuve.

Ensuite, rendez-vous à la maison de Sun Yat Set, considéré comme le père de la Chine moderne. Et de celle de Zou Enlai, premier ministre de Mao et qui a notamment de par son staut, protégé de nombreux intellectuels et de moines religieux. De ce fait, il est respecté parmi tous les Chinois, quelle que soit leur position politique ou sociale. On loue encore aujourd’hui sa droiture et son intelligence.

Pas loin de cette maison se trouve « le Montmartre chinois » : un petit quartier avec des cafés en terrasse (autant vous dire que ce sont les seules en Chine), des petites maisons dans l’esprit parisien… L’anecdote : l’architecte est bien français. Il semblerait que la ville de Shanghai est lancée un appel d’offre pour transformer ce quartier de la ville et qu’à l’époque, Shanghai ne pouvait pas se permettre de faire appel à un grand architecte car il n’avait pas encore une grande réputation. Ils acceptent donc la proposition de cet architecte français qui semble être visionnaire : « je ferais de ce quartier le Montmartre chinois et Shanghai sera connu mondialement pour cela ! ». Tant est si bien qu’on peut y retrouver une plaque commémorative à son nom.

Nous visitons le joli jardin de Yuyuan, l’occasion de s’extirper de la modernité de la ville. Il s’agit d’un jardin à la chinoise : il y a donc très peu de fleurs, beaucoup d’arbres, de pierres, d’eau et de charmants bâtiments pour le contempler. L’occasion de réviser avec notre guide la symbolique chinoise dont on vous livre quelques éléments ci-dessous.

Il y a toujours deux lions : à droite, l’énergie féminine avec un bébé dans une des pattes et à gauche, l’énergie masculine avec le monde. Le féminin est garant de la vie, du foyer, de l’intériorité, le masculin, de l’extérieur, la mondanité.

Autre particularité : les ponts ne sont pas droits. Pourquoi ? Les Chinois pensent que les mauvais esprits marchent en ligne droite. Alors, avoir des lignes brisées permet de leur barrer le chemin. C’est aussi pour cela qu’il y a toujours un seuil de porte assez haut ou des pierres qui font face à la porte d’entrée.

Cette forme de porte est ce que l’on appelle « une porte de la lune » car elle mélange le cercle et le carré. Je vous ai trouvé un excellent article pour une explication plus complète, parce que je ne suis pas sûre que ça intéresse tout le monde…

Pour terminer notre visite de Shanghai, nous terminons par les tours. Si aujourd’hui elles ne sont plus les plus grandes d’Asie et de Chine, elles gardent une valeur symbolique. Et puis, c’est assez joli au coucher de soleil.

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Commentaires

Une réponse à “J-15 : Shanghai, la superbe”

  1. Avatar de Marthe
    Marthe

    Trop bien toutes ces infos !
    J’adore celles sur les ponts pas droits et les portes de la lune

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