Le départ de Pingyao s’est fait au petit matin, pour être une heure en avance à la gare, ce dont je n’ai pas l’habitude, mais vu l’administration chinoise, autant anticiper.
C’est de nouveau un TGV que nous prenons pour descendre à 300km vers le Sud-Ouest, à 240km/h en pointe. Nous traversons un grand nombre de quartiers résidentiels semblant perdus au milieu de la campagne, pour nombre d’entre eux en construction, avec une caractéristique commune : le plan d’une tour est en général réutilisé 4 à 8 fois, voire plus. C’est un schéma qu’on retrouve depuis le début du voyage.
Nous sommes récupérés par notre nouveau guide à la gare de Xi’an Nord, qui nous emmène à notre hôtel après 40 minutes de trajet à travers les tours d’habitation (toujours sur le même schéma) et en longeant la muraille, complète et dans un très bon état de conservation. Une fois nos affaires déposées, nous repartons directement pour visiter le quartier musulman, et particulièrement la grande mosquée. Les musulmans sont venus commercer par la route de la soie, dont l’étape finale était Xi’an. Cette mosquée reprend de nombreux codes de l’empire chinois, et intègre également de nombreuses œuvres glanées par l’imam de la mosquée pendant la révolution culturelle. En effet, la population chinoise se débarrassant autant que possible des démonstrations de richesse et de rattachement aux anciennes cultures sous pression du gouvernement Maoïste, il lui fut possible, au début tout du moins, de récupérer de nombreuses œuvres et mobiliers pour les intégrer.
Et c’est là que c’est assez drôle. Notre guide nous informe qu’il a fait… la même chose : depuis plusieurs décennies, il accumule des objets historiques trouvés sur des chantiers, ou glanés chez les antiquaires, pour la création d’une « maison-musée » qu’il commencera à faire visiter cette année. Nos visites de musées sont ainsi régulièrement agrémentées d’un « Ah, ça j’en ai aussi chez moi ! ». Un jour, quelqu’un lui a dit qu’il valait mieux utiliser son argent à collectionner les objets historiques que d’acheter la télévision noir et blanc de ses rêves. Depuis, il collectionne. Il est venu plusieurs fois en Europe pour des échanges culturels, racontant avoir obtenu de l’argent de poche de la part du gouvernement chinois. En 1984, la coquette somme de 200 francs.
La visite du quartier musulman est amusante, surtout de nuit, mais pas exceptionnelle : une majorité de stands de nourriture, des chaînes de vêtements, et des magasins de souvenirs. Néanmoins quelques magasins sortent du lot. Selon notre guide, les magasins ne sont plus tenus que par des personnes âgées, les jeunes de la dernière génération refusant de reprendre l’affaire de leurs parents, et souhaitant occuper des postes moins compliqués. Tout comme guide, tiens, il paraît que plus aucun jeune ne veut faire guide, au point qu’on est allé le rechercher, lui qui à 75 ans est à la retraite depuis 15 ans.
Et particulièrement… les huîtres perlières (multiples boutiques pour cette activité) ! Cette fois je tombe sur le moment de l’ouverture d’une huître pour une cliente.
C’est assez impressionnant : on y trouve une bonne vingtaine de perles, de toutes tailles, formes et couleurs. 50 yuans pour l’ouverture de l’huître, et 5 yuans par perle qu’on souhaite garder.
Ok, ça fait marrer Angel, mais je suis content de voir enfin comment sont récupérées les perles qu’on voit chez nous uniquement sous forme de produit fini.
À noter enfin, et j’arrête avec les boutiques, que certaines attirent bizarrement plus que d’autres.
On nous explique que c’est l’effet Tik-Tok : lorsqu’une boutique est mise en avant par l’algo sur cette plateforme, c’est la ruée ! D’ailleurs, des tik-tokeurs et ti-tokeuses, nous en croiserons par pelletées durant notre séjour. Dans la rue (des fois présents au même endroit toute la journée), dans les boutiques, les musées, et même pendant un spectacle sur scène (à voir dans l’article de demain), ils et elles animent leur communauté en racontant des trucs, avec plus ou moins de mise en scène et de technique.
Petit détail amusant de nos balades : les cosplay. Depuis notre arrivée à Pékin, nous en croisons tous les jours. Chaque lieu a son style, son époque. Mais à Xi’an, il y en a vraiment partout. Tout le temps.
Nous terminons la journée par une balade au bord du canal, à partir de la porte du Sud (qui devrait être la plus impressionnante, mais éteinte à notre passage car un Son et Lumières était en cours).
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